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Durée : 38´
... le déforment et le rendent méconnaissable. Il en est d'autres qui, mettant le doigt, en le forçant un peu, sur un trait essentiel du phénomène envisagé, le font apparaître dans sa vérité. Que penser, en l'occurrence, de cette « Gestation Pour Autrui », demandée par un couple australien à une jeune thaïlandaise, et qui, ayant abouti à une grossesse gémellaire dont l'un des deux bébés était trisomique, aurait suscité l'abandon de celui-ci, si sa « mère porteuse » ne l'avait généreusement adopté ? Après lui avoir demandé, en vain, de procéder à l'élimination de l'enfant à naître porteur de la trisomie, le couple n'adopta, à la naissance, que l'enfant « sain »…
Accident, « dérive » de la « G.P.A. », ou révélation de son vrai visage ? Dans l'article qu'il avait consacré à cette question, Jean-Marie le Méné, président de la Fondation Gérôme Lejeune (Le Figaro, 04/ 08/ 14), avait souligné combien ce fait divers, propre à différer d'après lui toute tentation de légiférer précipitamment en faveur de la dite « G.P.A. », nous met sous le nez que malgré le désir de réduire la procréation à la fabrication d'un produit, on n'a pas encore réussi à faire oublier aux « mères porteuses », qu'elles vivent une vraie grossesse donnant lieu à la naissance d'un enfant, et non à une poupée inanimée, à détruire en cas de défectuosité.
De fait, L'événement fait coup double, en nous invitant à une réflexion sur la sélection des naissances qui nous est devenue familière en cas de détection de la trisomie 21, et sur la « Gestation Pour Autrui », dont l'appellation flatteuse a d'ores et déjà fait reculer les inquiétudes à son égard, en entraînant l'assentiment presque irrésistible que suppose l'acte admirable de faire un enfant pour quelqu'un d'autre ! À travers ce fâcheux épisode, c'est le rapport actuel à la naissance qui est interrogé en son ensemble.
Car si la confusion entre soigner et sélectionner est devenue courante, on ne peut ici dissimuler la violence que représente la volonté de se débarrasser d'un enfant à naître « anormal », tandis que l'on décide de garder son jumeau bien portant ! La simultanéité des deux décisions oblige à se demander comment le rescapé de la sélection aurait pu vivre en tant que survivant d'un enfant, conçu au même moment que lui, mais refusé parce que malade ! Or, le seul fait que, d'habitude, ce ne soit pas dans le même temps qu'on laisse naître les enfants « sains » et qu'on élimine généralement ceux qui sont porteurs de certaines anomalies ne permet plus, après pareil épisode, d'occulter entièrement la brutalité de la logique sélective qui sous tend désormais la procréation.
Quant à la « G.P.A. », l'incident en fait apparaître un élément bien dérangeant : à savoir qu'elle semble peu compatible avec l'acceptation éventuelle d'un enfant handicapé. Gestation volontaire par excellence, expression du refus de renoncer à procréer, pourrait-elle effectivement accepter un tel imprévu ? Et si ce n'est pas le cas, n'est-elle pas fatalement sous tendue par une logique eugéniste dont on vient précisément de voir la violence ?!
Mais comment naître, exister, devenir parent, dans l'horizon de ce volontarisme ? L'homme peut-il, en tant que parent ou en tant qu'enfant, accomplir son humanité, s'il est pris sous l'étau d'un programme préétabli ?
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